InFOrmation syndicale

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13 février 2010

0.02%, LE RUBICON ?


Au cours d’un « forum » organisé par le Comité Economique et Social des Pays de la Loire, tous les intervenants, en particulier les employeurs, ont convenu que 2010 serait encore une année difficile, et tous espèrent une reprise pour 2011. Tous, sauf le patron de Pilote, fabricant de camping-cars qui connaît déjà une nette augmentation de son activité (+30% après une chute de -50% en 2009). Lui, ce qu’il craint, c’est la réforme des retraites qui pourrait lui faire perdre sa principale clientèle : les retraités.

Henry Ford aurait déclaré : «je veux que mes ouvriers soient bien payés pour qu’ils puissent acheter nos voitures ». Le patron de Pilote veut que les retraités touchent de bonnes retraites pour qu’ils puissent acheter ses camping-cars. Nous sommes au cœur de la contradiction du système capitaliste.

Après plusieurs décennies d’une mondialisation fondée sur la libre circulation des hommes et des marchandises et surtout des capitaux, la politique fondée sur l’abaissement du coût du travail a abouti à la catastrophe actuelle.

Les divers subterfuges utilisés, que ce soit les subprimes aux Etats-Unis ou les prêts sur 70, voire 99 ans en Espagne, n’ont fait que retarder l’explosion de la crise économique.

Mais nous sommes peut-être au bord d’une deuxième catastrophe.

Pour parer au plus pressé, les états ont creusé leur déficit public en contradiction avec les sacro-saints critères de convergences économiques du Traité de Maastricht.

La Grèce, mais aussi l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, l’Islande sont, comme Dubaï, menacés de faillite. En conséquence, l’€uro fragilisé, attaqué de toutes parts par les spéculateurs, risque d’exploser.

Heureusement, Bruxelles veille au grain. L’Union Européenne exige que tous les pays membres respectent les « tables de la loi ». Elle impose partout des plans de rigueur, et, pour s’assurer qu’ils soient bien respectés, elle envoie dans les pays les plus fragiles ses « missi dominici » (envoyés du maître sous l’empire de Charlemagne).

Bien sûr, ces mesures particulièrement sévères frappent d’abord les salariés. Ainsi, le « socialiste » Zapatero a déjà décidé de passer l’âge de la retraite à 67 ans, provoquant la colère de tous les syndicats, même les plus complaisants Tous craignent l’explosion sociale. Si les « missi dominici » ne suffisent pas, peut-être faudra-t-il alors recourir aux «gauleiter ».

En France, les grandes manœuvres ont commencé. Il faut, bien sûr, attendre les élections régionales pour y voir plus clair. Mais déjà, nous voyons les choses se dessiner. Le gouvernement a déjà un super plan de rigueur dans ses tiroirs. Au centre, il y a la question des retraites. Il sait, aussi bien que nous-mêmes, qu’il serait possible de maintenir nos retraites, et même de revenir à 37,5 années de cotisations, au calcul sur les 10 meilleures années au lieu de 25 actuellement, et à l’indexation sur les salaires et non sur les prix.

La Confédération Générale du Travail Force Ouvrière a d’ailleurs communiqué dans un tract distribué récemment aux Unions Départementales, des chiffres qu’il est important de connaître (lire à la suite de cet édito et aussi sur notre Blog http://fo44.blogspot.com/2010/02/40-ans-cest-deja-trop.html).

Notre Union départementale a engagé une campagne pour sauver les Chantiers de l’Atlantique. Nous exigeons leur nationalisation. Nous avons rencontré de nombreux élus du département. (voir http://fo44.blogspot.com/2010/02/pour-sauver-le-chantier-naval.html)
Plusieurs se sont déjà prononcés favorablement à notre demande, mais beaucoup d’entre eux buttent sur l’obstacle.

Tous demandent que l’Etat rachète les actions d’Alstom, ce qui l’amènerait à devenir propriétaire de 49,99%. Donc, il suffirait de presque rien pour que l’Etat devienne majoritaire. Ce tout petit rien, (0,02%), pour certains, c’est le Rubicon, la rupture avec l’Union Européenne et la règle de la « concurrence libre et non faussée ».

Que ce soit sur la question des retraites ou de la nationalisation des Chantiers, nous nous heurtons à une même difficulté. Les religieux de l'Union européenne qui, au moment des "référendums", nous ont promis 1000 ans de paix et le bonheur éternel, refusent d’admettre que leur acharnement borné nous mène tout droit à la catastrophe, et qu’il est urgent de rompre avec ces dogmes.

Pour l’instant, chacun se prépare à un affrontement qui semble inévitable. Les directions de la CFDT et de la CGT ont choisi d’accompagner le gouvernement. Chérèque comme Thibault se heurtent à la résistance de leurs militants, qui ne croient plus à l’efficacité des manifestations et grèves saute-mouton. Notre Confédération, ferme sur ses positions et forte de l’expérience passée, refuse clairement de cautionner ces opérations qui conduisent à l’échec.

Peu habitués à ce qu’on leur résiste, Chérèque et Thibault s’énervent et insultent notre Confédération, ses militants, et son secrétaire général, lesquels, calmement mais fermement, répondent en proposant qu’ensemble, sur des revendications nettes, nous appelions à la grève interprofessionnelle.

Il est probable que Chérèque et Thibault continuent à s’exciter. Mais soyons tranquilles, la position de notre Confédération est, et sera, de plus en plus comprise par la classe ouvrière. Alors, le moment venu, nous pourrons, seuls s’il le faut, appeler à la mobilisation.
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Retraites : Repères chiffrés
  • Une hausse des cotisations retraite de 1 point, c'est + 4 milliards d'euros de recettes pour le régime général,
  • Un élargissement de l'assiette des cotisations à l'intéressement et à la participation, c'est + 3 milliards d'euros de recettes;
  • Une taxation des bénéfices non réinvestis, plus de 100 milliards d'euros en 2008, rapporterait, avec une taxe à 5%, + 5 milliards d'euros;
  • Une augmentation générale des salaires représente, avec 1 point de masse salariale en plus dans le secteur privé, + 0,65 milliard d'euros de recettes pour le régime général;
  • Une compensation intégrale des exonérations de Sécurité sociale, c'est + 1 milliard d'euros de recettes pour l'assurance-vieillesse;
  • Un financement réel des éléments de solidarité dans le régime général c'est + 12 milliards d'euros de recettes;
  • 1 million d'emplois supplémentaires, c'est au minimum 3 milliards d'euros de cotisations vieillesse en plus.

Note: Patrick HEBERT, Secrétaire général de l'UD CGT-FO de Loire Atlantique | * Le Rubicon, rivière séparant l'Italie de la Gaule. - "Franchir le Rubicon" signifie prendre une décision grave et en accepter les conséquences.